Envie d’Europe
L’année académique 2020-2021 fut pour la deuxième année consécutive marquée par l’épidémie de coronavirus et par les espoirs et questionnements liés à la vaccination et à l’action de l’Union européenne. Fermeture de frontières, liberté de mouvement entravée et hétérogénéité des politiques sanitaires nationales ont paradoxalement été un révélateur d’un certain état de l’Union européenne. Le plaisir retrouvé de franchir librement certaines frontières de l’espace Schengen se confrontait à la variabilité des règles locales ou nationales pendant que la carte de l’Europe se colorait de nuances de vert, d’orange et de rouge.
Confiné·e·s, notre envie d’Europe n’a peut-être jamais été aussi grande.
Dans ce contexte troublé, l’Institut d’études européennes a poursuivi ses activités quelque peu altérées par les confinements. La question de la gestion des crises fut justement le thème de l’ouverture de l’année académique de l’IEE le 12 novembre 2020. Peter Praet, économiste en chef de la BCE, et Antoine Vauchez, directeur de recherche au CNRS (professeur invité à l’IEE de septembre à octobre 2020) ont discuté de l’image d’une Union européenne forgée par les crises mais qui serait amenée à devoir les anticiper. Tel fut d’ailleurs le message de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyden, dans son discours sur l’état de l’Union en septembre 2021.
Outre la gestion de la crise sanitaire et la répartition des vaccins dans et hors de l’UE, cette année académique fut l’occasion d’échanges et de réflexions sur la situation en Biélorussie, l’élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, l’accroissement des tensions en Irlande du Nord et la victoire du SNP en Ecosse préfigurant un potentiel referendum d’indépendance. La question de l’État de droit tout comme le respect des valeurs et des droits dans l’Union européenne sont restés une source majeure de préoccupation.
À ces questions s’annexent des questionnements socio-économiques qui traversent l’UE au moins depuis 2008 si ce n’est avant. Le plan de relance Next Generation Europe qui se met progressivement en œuvre est appelé à remettre en route l’économie européenne tout en s’engageant dans la voie du verdissement de cette économie. Après les multiples atermoiements sur la coordination des politiques et règles sanitaires à l’échelle européenne, la mise en place d’un certificat européen a contribué à une certaine cohérence à l’échelle de l’UE. Les appels à la solidarité si nombreux en début de pandémie ont semblé progressivement s’éroder, et la crainte de tensions entre citoyens, secteurs, régions et pays a ressurgi. Le plus grand défi de l’UE ne sera peut-être pas tant de surmonter la pandémie mais davantage de maintenir une paix sociale dans les années à venir. L’UE sera-t-elle cet espace de solidarité ? Telle est l’une des questions qui président aux recherches et activités de l’IEE pendant l’année 2020-2021 mais également pour les années à venir.
Une vision renouvelée pour la recherche à l’IEE
Au plan de la recherche, l’IEE a commencé l’année académique par une réunion du Comité de la recherche en septembre 2020. Ce fut l’occasion pour les membres affiliés de réfléchir à notre agenda de recherche interdisciplinaire et collectif. C’est dans ce cadre que plusieurs projets de recherche ont pris contours, soumis dans le cadre de l’appel Horizon Europe. La préparation d’un projet Jean Monnet Centre d’excellence sur la question des inégalités dans l’UE est une belle illustration des échanges très fructueux au sein du Comité de la recherche, réuni aussi en mars 2021. Le projet témoigne de cet intérêt et s’inscrit dans les activités de recherche antérieures de l’IEE et de ses collaborateurs. La mise en place de la conférence ‘Interdisciplinary European Advanced Studies (IDEAS)’ qui aura lieu au printemps 2022 entre en résonnance avec cette problématique puisqu’elle aura comme thématique : (Dis)Integration from an (in)equality perspective.Par contre, le lancement de l’Action de recherches concertées (ARC) sur les droits sociaux en Europe a été postposée au début de l’année académique suivante.
Parmi nos échanges, la venue de Prof. Chris Bickerton, dans le cadre du Projet “Conflicts of Soveregnity in the EU”, financé par la Fondation Wiener Anspach, a consolidé un socle scientifique déjà bien établi avec plusieurs collègues et a contribué à la formation des étudiants sur multiples transformations de l‘Europe depuis 1989. Ces échanges avec les universités d’Oxford et de Cambridge participent aux multiples interactions de l’IEE avec des universités partenaires. Ainsi, l’année académique 2020-2021 constitue un moment important dans l’émergence du réseau CIVIS au sein duquel l’IEE a été très impliqué dans la perspective de nouvelles universités européennes.
Soutien à nos étudiant·e·s dans un contexte encore perturbé
Les premiers jalons d’un rapprochement avec le Collège de Bruges ont été posés en fin d’année 2020-2021 et la collaboration s’intensifiera dès l’année suivante, suscitant l’enthousiasme des étudiant·e·s de l’IEE.Pour ces derniers, l’année écoulée fut particulièrement frustrante. Ils étaient 474 étudiants issus de 35 nationalités à suivre un cursus en études européennes à l’IEE et dans les trois facultés partenaires. Malheureusement, le contexte de la pandémie a fait que ce parcours fut sans doute peu satisfaisant en termes de rencontres, de découvertes des institutions européennes et même en termes d’expériences pédagogiques. Néanmoins, l’IEE a tenté de maintenir au maximum un lien avec ses étudiants par l’entremise de ses autorités et son équipe, en étroite collaboration avec les facultés partenaires. Après une longue période de confinement, ce fut un bonheur tant pour les étudiant·e·s que pour les membres du corps académique et administratif de se revoir dans les locaux et les jardins de l’IEE. Des pique-niques ont été organisés dès que les conditions sanitaires s’y prêtaient pour permettre de rétablir des contacts sociaux en partie brisés par les confinements.
Pour contribuer au maintien d’une vie associative active, l’Institut a soutenu financièrement la délégation de la Specque qui comprenait plusieurs de ses étudiants dans leur expérience de simulation de la démocratie et de la prise de décision. Dans une pratique devenue partie intégrante de son fonctionnement, l’IEE a maintenu ses collaborations avec ses deux associations étudiantes : Eyes on Europe et SAIES. Ces deux associations contribuent de manière fondamentale à la socialisation des étudiants en études européennes dans un contexte de confinement parfois difficile.
Nos remerciements
Nous exprimons aussi toute notre gratitude à toutes celles et ceux qui ont collaboré étroitement avec nous pendant cette année aux multiples défis, qu’ils appartiennent au corps académique, scientifique ou administratif. Et plus particulièrement, nous adressons nos remerciements à tous nos collaborateurs et collaboratrices scientifiques et toute notre gratitude au personnel administratif de l’IEE qui, une fois encore, a montré sa solidarité et s’est adapté avec dévouement en ces circonstances difficiles.
Nous saisissons enfin cette occasion pour remercier les autorités de notre Université qui ont continué à soutenir l’IEE et avec qui nous espérons consolider les fondations de l’Institut et ainsi participer au rayonnement de notre Université en Belgique et en Europe.
Merci à tous et à toutes pour votre collaboration, votre travail et votre enthousiasme.
Ramona Coman, Emmanuelle Bribosia et Nicolas Verschueren
Le 1er décembre 2021
Consultez le rapport d’activités de l’Institut d’études européennes de l’ULB,
année académique 2020-2021