Une année pour se réinventer

Les tendances de fond remontées à la surface

L’année académique 2019-2020 sera pour longtemps marquée du sceau de la pandémie COVID-19. Les mesures sanitaires prises pour endiguer la prolifération du virus ont eu un profond impact sur l’Europe mais également sur la vie universitaire et sur celle de l’Institut d’études européennes. Si la gestion de crise a constitué l’un des thèmes centraux ayant secoué l’Europe et le monde, il convient de rappeler la continuité des nombreux enjeux européens mais également la poursuite des activités scientifiques et pédagogiques de l’Institut.

Le début de l’année académique 2019-2020 fut d’ailleurs l’occasion de commémorer un autre bouleversement européen, celui des trente ans de la chute des régimes communistes en Europe centrale et orientale. L’IEE ouvrait son année académique, le 6 décembre 2019, par la conférence du Professeur Jan Zielonka (de l’Université d’Oxford) questionnant les héritages de 1989 et les défis à venir de la gouvernance européenne. De ce point de vue, l’année écoulée a été riche en événements pour l’Union européenne à l’image de l’installation de la nouvelle Commission européenne présidée pour la première fois par une femme, de la poursuite et de la conclusion du Brexit, des débats sur l’état de droit, des prises de position suite aux élections en Biélorussie, de l’idée d’un salaire minimum européen ou encore des ambitions climatiques.

Comme dans de nombreux aspects de la vie sociale, la crise sanitaire a eu pour effet de faire remonter à la surface des tendances de fond qui traversaient nos sociétés. La difficile coordination européenne des mesures sanitaires et des restrictions de déplacement a semblé une nouvelle fois démontrer l’impossibilité d’élaborer une position européenne commune. De nombreux membres académiques de l’IEE ont pris part au débat public, soit pour mettre en exergue les dangers de l’UE intergouvernementale, soit pour faire appel à un nouveau patriotisme européen et à une plus grande solidarité. Face à ce constat rapidement dressé, il est loisible d’observer une potentielle relance européenne, en regard notamment de l’accord du Conseil européen du 21 juillet 2020 sur le budget européen à long terme et le plan de relance Next Generation Europe.

Une analyse interdisciplinaire des enjeux européens

Ces multiples enjeux et perspectives ont été au cœur des recherches et des enseignements de l’IEE comme en attestent plusieurs ouvrages publiés par des membres de l’IEE, et notamment:

• Dans le cadre du projet Jean Monnet Centre d’excellence piloté par l’IEE de 2016 à 2019, la parution aux éditions Larcier de l’ouvrage Les solidarités européennes : entre enjeux, tensions et reconfigurations, co-édité par Ramona Coman, Louise Fromont et Anne Weyembergh
• Governance and Politics in the Post-Crisis European Union co-édité par Ramona Coman, Amandine Crespy et Vivien A. Schmidt, un nouveau manuel original paru en 2020 chez Oxford University Press qui livre une mise à jour indispensable sur la façon dont les politiques et les institutions de l’UE ont changé à la lumière des multiples crises et transformations depuis 2010.
• L’un des quatre ouvrages venant clôturer le projet GEM-STONES dont l’IEE est le coordinateur, intitulé «Supranational Governance at Stake. The EU’S External Competences Caught between Complexity and Fragmentation», édité par Mario Telò et Anne Weyembergh, en juillet 2020 aux éditions Routledge.

Des conférences, colloques et journées d’études organisés en présentiel ou à distance :

Autour des valeurs européennes, les 21-23 novembre 2019 a eu lieu la conférence finale du projet ARC ValEUR intitulée «How ‘European values’ unite or divide ».

Autour du Brexit, on épinglera notamment la coordination par l’IEE, l’ULB et la Mission du Royaume-Uni auprès de l’UE de la Conférence sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE, donnée par David Frost CMG, conseiller pour l’Europe du Premier ministre britannique et négociateur en chef, le 17 février 2020.

Nouveaux formats pour une nouvelle réalité

Les formats des activités et contributions scientifiques ont également été revisités, comme en témoigne notamment la série de podcasts lancée par le réseau Jean Monnet OpenEUDebate dont l’IEE-ULB est membre, afin d’analyser comment les citoyens et les universitaires peuvent contribuer au débat sur le COVID-19 et son impact sur l’avenir de l’Europe.

Une webconférence transatlantique Bruxelles-Montréal intitulée « Évaluer le CETA: acquis, problèmes et contexte international » organisée par l’IEE en partenariat avec l’Ambassade du Canada, en juin 2020, a offert un premier échange entre académiques européens et canadiens sur les acquis, les problèmes et le contexte international de l’Accord Économique et Commercial Global entre l’Union européenne et le Canada (CETA). Les dimensions économiques, commerciales et juridiques de l’accord, ainsi que sa place dans le contexte de la crise du commerce mondial et du COVID-19 ont servi de cadre à cette discussion interdisciplinaire.

Enfin, plusieurs summer schools ont eu lieu cet été moyennant des adaptations aux conditions sanitaires:

Les 27-29 août, l’IEE a organisé, en collaboration avec le Centre de formation continue de la Faculté de Philosophie et Sciences sociales, en format hybride, une école d’été portant sur la capacité des organisations régionales et internationales à gérer la crise sanitaire. Un dialogue riche et stimulant a été offert aux cinquante participants qui ont pu interagir avec les représentants de la Commission européenne et de la Présidence allemande du Conseil de l’UE, du Conseil de l’Europe, de l’Otan, de l’Office du Groupe de Pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifiques, des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé. Les participants issus de plus de dix États membres de l’UE et des pays tiers ont bénéficié également d’une séance de mentoring sur les opportunités de carrière dans les milieux professionnels européens et internationaux.

Parmi les objectifs de la nouvelle équipe de direction de l’IEE figurait la volonté d’organiser des événements culturels en lien avec les questions européennes. A ce titre, une séance de projection-débat autour du film Adults in the Room de Costa-Gavras s’est déroulée en présence du réalisateur au cinéma des Galeries le 12 décembre 2019. D’autres projets n’ont pu voir le jour en raison du confinement du printemps 2020 à l’instar de la conférence organisée autour de la performance The Quest de Cédric Eeckhout, originellement planifiée le 9 mai 2020 au théâtre national (et reportée au 8 mai 2021) ou encore de la venue de Jonathan Coe pour son livre Middle England.

Une vie étudiante bouleversée, mais toujours active

En 2019-2020, l’IEE a eu l’honneur de proclamer sa 57ème promotion de diplômé·e·s dans le majestueux cadre de la Grand Place de Bruxelles. Les étudiant·e·s de l’Institut ont choisi pour nom de promotion celui de la journaliste maltaise Daphne Anne Caruana Galizia, assassinée pour son combat contre la corruption.

Tout au long de cette année académique, l’IEE a continué ses collaborations étroites avec ses deux associations étudiantes : Eyes on Europe et SAIES. Les membres de ces deux associations ont participé aux réflexions et aux débats sur les enjeux et défis européens en invitant régulièrement à l’IEE des personnalités des milieux politique et académique européens. Plus important encore, SAIES et Eyes on Europe contribuent de manière fondamentale à la socialisation des étudiant·e·s en études européennes dans un contexte parfois difficile de confinement.

En 2019-2020, l’Institut a développé ses activités de mentoring destinées à tous les étudiant·e·s en études européennes, activités qui ont été organisées avec le soutien du Fonds d’encouragement à l’enseignement.

Étudier à l’IEE signifie aussi s’intégrer dans une communauté d’européanistes qui a vocation à perdurer après la fin des études. Dans le cadre de l’Année thématique “Europe de la connaissance”, un ouvrage rendant hommage aux Alumni de l’ULB qui ont contribué à la construction européenne a été publié en 2020.

Enfin, cette année académique 2019-2020 était la première de la nouvelle équipe de direction de l’IEE qui n’a pas été ménagée par les événements. Néanmoins, cette année nous a permis de constater la pertinence de nos choix en termes d’innovation pédagogique et scientifique avec l’aménagement de salles multimédia rendu possible par l’obtention d’un Fonds d’encouragement à l’enseignement. Si le développement d’outils informatiques permettant une communication à distance a été consolidé, il est également apparu que notre volonté de faire de l’Institut un lieu de socialisation essentiel pour des étudiant·e·s d’horizons divers était plus que jamais une évidence. L’IEE, à l’instar de l’Union européenne, doit être un lieu d’échanges et de rencontres contribuant à l’émergence d’une véritable citoyenneté européenne.

Nos remerciements

Nous exprimons toute notre gratitude à toutes celles et tous ceux qui ont collaboré étroitement avec nous pendant cette année aux multiples défis, qu’ils appartiennent au corps académique, scientifique ou administratif. En particulier, nous souhaitons adresser nos remerciements à tous nos collaborateurs scientifiques et toute notre gratitude au personnel administratif de l’IEE qui, une fois encore, a pu montrer sa solidarité, son adaptabilité et son dévouement dans ces circonstances difficiles.

Nous saisissons enfin cette occasion pour remercier les autorités de notre Université, en particulier Monsieur le Recteur Yvon Englert et son équipe pour leur soutien pendant ces dernières années.

Nous saluons également l’élection de la nouvelle Rectrice Annemie Schaus en septembre 2020 et la désignation de son équipe, avec qui nous nous réjouissons de nouer de fructueuses collaborations dans les prochaines années.

Merci à tous et à toutes de votre précieuse collaboration en 2019-2020 !

Ramona Coman, Emmanuelle Bribosia et Nicolas Verschueren

Le 9 novembre 2020